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Corticotomies...

Une attitude thérapeutique stratégique?

Publié par flaggada le 15-May-2014 10:30 (23953 lectures)

Le principe des corticotomies est simple: en créant une lésion osseuse de façon volontaire, on accélère le renouvellement cellulaire sur le lieu de cicatrisation favorisant ainsi la vitesse de déplacement des dents, déplacements qui nécessitent ces cellules spécifiques (ostéoblastes et ostéoclastes). En outre, on peut penser que la fragilisation osseuse crée moins de résistance au déplacement dentaire, ce qui a été prouvé chez les animaux. Ainsi il est reconnu que les déplacements dans les espaces d'extraction fraichement créés sont plus aisés que dans un os complétement cicatrisé.

Corticotomies au blocThéoriquement ces lésions sont censées favoriser la vitesse de déplacement des dents et donc la rapidité du traitement. Les corticotomies peuvent être réalisés sous anesthésie locale, avec ou sans lambeau (en utilisant le principe de la tunnelisation), ou bien de façon plus générale, sur toute l'arcade. Dans ce cas, on donnera la préférence à l'anesthésie générale.

Passé l'aspect intellectuel intéressant de la technique qu'en est-il des études sur le sujet? Les revues de la littérature se heurtent à l'absence d'étude et de résultats suffisament significatifs pour s'exprimer sur la stabilité du traitement, et surtout sur le gain de temps obtenu grace à cette technique. La fenêtre d'accélération des mouvements est d'environ 3 à 4 mois. Les rendez-vous d'activation doivent se faire toutes les 2 semaines.

Faisons l'avocat de l'organisme de soins, avec les questions qui fachent... Si nous devons traiter nos patients avec les données acquises de la science, quelle doit être notre attitude face à des données non encore acquise? On sait que cela peut aller un peu plus vite, mais quel est véritablement le gain de temps? Peut on alors justifier d'une anesthésie générale, pour une accélération du traitement difficilement quantifiable. Entendons nous bien, si les corticotomies s'avèraient faire gagner au mieux pour 40% des patients, 3 mois de traitement sur une durée de 2 ans, cette technique serait elle efficiente? La meilleure réponse à ces questions est la conduite d'études avec une bonne méthodologie. On peut aussi parler de corticision, plus facile à mettre en oeuvre (rayer l'os avec un bistouri sans lambeau). Mais si nous devons réaliser une chirurgie de première intention dans un traitement, pourquoi ne pas en profiter pour effectuer ces corticotomies?

Voici un cas clinique, réalisé, avec l'accord de la patiente, au cours d'une chirurgie primaire. La supraclusion problématique nécessitait une intervention en 2 temps. Lors du premier temps, les corticotomies ont été réalisées, pour essayer de favoriser la vitesse du traitement.

Corticotomies, avant aprèsLe cas sera présenté ultérieurement plus longuement, mais ces quelques images illustrent bien l'importance de la chirurgie sur la perméabilité des voies aériennes.

La patiente se présente à l'age de 16 ans et demi, donc en phase terminale de croissance. Il est illusoire aussi de vouloir résoudre la classe II tout comme maintenir un alignement des dents antérieurs, au vu de l'hypodivergence et de l'omniprésence de la lèvre inférieure en interposition. Les brackets sont posés avant l'intervention mais aucun fil n'est mis en place, car des gouttières de repositionnement sont réalisées, et les dents ne doivent subir aucun déplacement entre les empreintes et l'intervention. Les gouttières permettent d'assurer une certaine stabilité per et post opératoire, puisqu'aucune préparation orthodontique n'a été effectuée. Et, pour profiter du bénéfice des corticotomies, il faut initier le mouvement orthodontique au plus tôt. Le fil est donc placé sur la patiente dans la salle de préanesthèsie.

comparatif des téléradiographiesDeux interventions seront nécessaires pour résoudre toute la classe II, avec une ostéotomie maxillaire dans le second temps pour corriger l'hypodivergence. On ne peut pas faire une avancée de plus de 8 à 10mm par intervention pour des risques évidents d'étirement du nerf dentaire inférieur. Notons la nécessaire dextérité du chirurgien qui doit replacer la mandibule dans une situation instable mais symétrique, lors de la première intervention. Remarquez les voies aériennes postérieures qui s'agrandissent au fur et à mesure des interventions. C'est le même mécanisme qui profite aux patients souffrant d'apnées du sommeil. Une chirurgie de la symphyse mentonnière pourrait être réalisée au moment de l'ablation des plaques. Le traitement a duré 23 mois. A t il été plus rapide? Difficile à préciser puisque l'on ne peut comparer à la même patiente qui aurait été traitée autrement. 

Il est devenu ardu de conclure certains articles; il est seulement permis d'initier des discussions. Ainsi les corticotomies sont, à notre sens, un atout probable à utiliser lors d'une intervention déja programmée (chirurgie en première intention, extractions multiples (dents de sagesse et autres prémolaires), pose de plaques d'ancrage). En attendant les études pour le confirmer ou l'infirmer...

Comparatif des sourires

Tags: orthodontie   os   corticotomies  

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